Comme prévu, Einstein est rentrée avec nous à la maison, notre famille est maintenant au complet grâce à la PMA.
Nous envisagions deux enfants, nous avons deux merveilles, deux génies, nous ressortons comblés de ce parcours débuté en 2012. Je sais que tout le monde n’aura pas cette chance, donc je pense que le combat pour un meilleur accès et une meilleure prise en charge de l’infertilité et de la PMA (pour tous et toutes) reste d’actualité.
Autant j’ai très mal vécu mon accouchement pour Starsky, autant je suis ravie, oui ravie, n’ayons pas peur des mots de mon accouchement pour Einstein. Pourtant, ça partait moins bien avec un déclenchement pour suspicion de mammouth inside, mais au final je ne pouvais espérer mieux.
Je me suis sentie entourée, écoutée et soutenue par toute l’équipe de la maternité que ce soit lors du suivi, pendant le vêlage et les suites de couches (quand je dis suites de couche, j’ai toujours une vision de vieille dame incontinente en couches, mais passons).
Pour le détail minute par minute ou presque c’est par là.
Convoqués pour le déclenchement, nous devions appeler pour vérifier qu’il y avait bien de la place. On nous a dit de venir et finalement il n’y avait pas de place, dommage, on s’était bien préparés mentalement et on comptait sur une naissance pour la journée de la femme.
Rebelotte le lendemain, sauf que cette fois il y a de la place. On nous installe dans une chambre et c’est parti pour le déclenchement en mille étapes.
Ca commence par la pose d’un tampon et on attend 24h de voir s’il se passe un truc, je vous passe le suspense, il ne s’est strictement rien passé. J’ai eu quelques tâtages de col et des monitos pour m’occuper un peu, mais globalement je me suis surtout ennuyée car je n’avais pas le droit de quitter l’hôpital et la cafète, c’est pas vraiment celle d’Hélène et les garçons. J’ai regardé de très bonnes émissions à la télé, lu de la presse hautement intellectuelle, monté et descendu des escaliers et attendu que le temps passe.
Le lendemain, les choses s’accélèrent, enfin s’accélèrent doucement, on me lève à 6h pour m’installer en salle de naissance pour 8h30. J’ai pas trop compris comment ils voulaient que je mette 1h30 à me préparer vu la douche (on est loin du spa du Four Seasons) et le petit déjeuner composé d’une biscotte (le pain n’a pas encore été livré) et d’eau chaude…. miam !
Mais enfin passer en salle de naissance après 24h, ça se précise, il va enfin se passer des trucs ! Je ressortirai avec un bébé dans les bras !
En fait non, il se passe pas grand chose. Nouveau tâtage de col et monito et pose d’un gel qui doit agir 4h. J’avais pas compris que je devais rester attachée au monito durant les 4h et j’avais prévu un festin à la cafète plutôt qu’un pot de chambre pour pisser, car certes il ne se passe rien, mais il ne faudrait pas que j’aille tout gâcher en allant aux toilettes.
Libérée pour une heure, j’en profite pour manger (et ne pas boire), faire un tour de marche dans l’hôpital, monter et descendre quelques escaliers.
C’est reparti pour la pose du même gel et 4h de monito. Je commence vaguement à me dire que c’est un peu long, mais en même temps je n’ai pas mal, tout le monde est gentil, c’est surtout moi qui m’impatiente. Finalement, les 1ères contractions arrivent enfin. Elles piquent un peu mais rien de grave, je préfère attendre pour la péridurale. Elles s’intensifient et à la fin des 4h, le col a vaguement bougé (youpi !).
On commence enfin les choses sérieuses avec l’ocytocine et on me conseille la pose la péridurale avant de commencer. J’avais eu tellement mal lors de mon 1er accouchement, je suis évidemment d’accord, même si j’appréhende un peu vu que j’avais eu deux poses la 1ère fois (dont une douloureuse) et que ça n’avait servi à rien.
Et là miracle, un pose tout en douceur, j’ai ressenti un pincement au moment de l’installation et après nickel, je garde des sensations, mais absolument aucune douleur.
Les contractions s’accélèrent, je romps la poche des eaux toute seule comme une grande, mais le col ne bouge pas trop. Ils augmentent les doses progressivement et après plusieurs heures à 3, je passe de 3 à 8 en 1h. Ca va peut-être un peu vite pour ma petite nature car j’enchaine les chutes de tension, ce qui donne la reine allongée sur le côté gauche en train de gerbouiller gentiment de la bave, le corps qui tremble, des gratouilles en folie (effet péridurale parait-il), les seins qui fuitent (effet hormones parait-il) et l’impression de partir assez régulièrement. Un truc qui devait être super classe.
Et personne ne s’est moqué de moi ouvertement, l’avantage d’être une reine.
Finalement la phrase que j’avais pas envie d’entendre est arrivée « Madame, ça fait 20 minutes que votre bébé supporte mal les contractions, je vais devoir appeler le médecin ». Forcément une vision de scalpel et de bébé inanimé apparait devant moi.
En fait le docteur m’explique la même chose, le coeur du bébé supporte mal les contractions et potentiellement mes soucis de tension, ils vont lui faire un prélèvement sur la tête pour voir comment va le bébé (tout ça est trop moderne et scientifique pour moi, aucune idée comment un prélèvement sur la tête indique quoique ce soit concernant l’état du bébé, c’est clairement de la science fiction) et m’injecter je ne sais quoi pour faire remonter la tension.
Les nouvelles sont bonnes, Einstein ne va pas si mal et en plus son coeur va beaucoup mieux depuis que ma tension est revenue à la normale (et qu’accessoirement j’ai retrouvé ma dignité). On a le temps, on laisse le travail se faire tranquillement.
Je sens enfin qu’Einstein est prête, je sens sa tête appuyée dans le bassin, on appelle la sage femme, on s’installe et en quelques poussées, j’ai Einstein dans les bras et c’est parti pour 2h de peau à peau. J’ai l’impression d’être dans une bulle de douceur avec mon bébé tout neuf et tout chaud contre moi.
Certes je n’ai pas eu la salle nature du fait du déclenchement, certes c’était très long, certes j’ai perdu toute dignité, certes sur le papier il y a eu plus de complications que pour Starsky, mais pour rien au monde, je ne changerai cette arrivée toute douce en contraste avec la violence que j’avais ressentie pour l’arrivée de Starsky.
Des heures de souffrance, aucune écoute quant à ma douleur et l’impression qu’on m’enlève mon bébé à l’arrivée pour me la ramener en gigoteuse dans un berceau.
Toute l’équipe a été à mon écoute, m’a soutenu, de bonne humeur, ils ont toujours été super clairs dans leurs explications, explications qu’ils ont données en amont, j’avais l’impression de savoir où on allait, je n’ai ressenti aucune douleur, j’ai pu accueillir mon bébé sereinement.
En ce moment, on parle beaucoup du consentement, je crois ne jamais avoir autant entendu « est-ce que je peux vous examiner ? ».
Bref, ça m’a vraiment réconcilier avec l’accouchement, comme quoi ça peut bien se passer, big up à Port Royal !
Comme j’ai l’impression que ce post est déjà un roman, je vous réserve les suites de couches et le retour à la maison pour une prochaine fois (ou comment tenir son lectorat en haleine et gagner des vues).
PS : j’allais oublié le plus important, Einstein est une mini gambas de 3,5 kg (3 semaines avant le terme tout de même)